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samedi 13 février 2016

Le développement durable sur le plateau



Pousse d'arachide

 Il y a des sujets que nous avons très peu abordés dans nos billets. Il s'agit du reboisement, de la lutte contre la dégradation des sols et de la reconquête de la biodiversité. Ce sont des points cruciaux qui touchent de près les agriculteurs et donc quasiment la totalité de la populations des villages.


 Pas de COP 21 dans la Région des Savanes, non, mais des Togolais convaincus et dont la foi peut soulever des montagnes. Parmi eux et faisant partie de notre équipe de contacts locaux, un professeur de SVT, Salifou, qui est aussi un pépiniériste passionné et passionnant. Il faut voir comment ses yeux brillent lorsqu'il nous explique comment, avec de meilleures pratiques, on peut rendre à la terre sa fertilité, améliorer les rendements tout en luttant contre les changements climatiques, contre la déforestation... bref, comment on peut améliorer globalement le sort des populations. Salifou est à la tête d'une association de pépiniéristes appelée Sangou-man (ce qui veut dire « l'ombre est agréable ») qui fait de la formation à la sylviculture et sensibilise aux bonnes pratiques d'agriculture les collectivités dans le Nord du Togo.* 

Salifou nous a fait visiter la plantation école de Sangou-Man lors de notre dernier voyage de janvier

  

Sensibilisation et reboisement

Il va donc falloir gérer l'alliance des habitudes ancestrales et de nouvelles pratiques et convaincre les agriculteurs de changer leur façon de faire. Les agriculteurs sont par essence des hommes de tradition, il va falloir leur démontrer (de visu si possible) que l'arbre ne gêne pas la culture mais la renforce au contraire. Pour eux, en effet, l'arbre empêche la culture et de récolter.  La méthode de Salifou est donc d'abord de les sensibiliser afin qu'ils se mobilisent pour le projet. Quoi de mieux qu'un exemple ? Il propose au village de créer des plantations communautaires où chaque famille y plante vingt arbres. L'idée est que lorsque le paysan voit que cela fonctionne et est convaincu, il duplique l'opération chez lui. Et cela marche ! Salifou a commencé cette vulgarisation en 2007, il y a maintenant presque une trentaine de plantations communautaires de créées. Ces opérations sont un vrai succès. Salifou ne suffit plus la demande. Le projet lui prend tant de temps qu'il a demandé une année sabbatique cette année scolaire afin de s'y consacrer totalement.  
Le site du pépiniériste de Nagou

Le pépiniériste continue à prospérer


Un Fond mondial soutien le projet de Salifou

 

 

La plantation communautaire, marche à suivre : 

    •  un des vieux du villages donne un terrain d'un hectare où planter la pépinière communautaire ;
    • on y plante 338 arbres, 44 fruitiers et 294 autres à croissance rapide comme des Cassia qui poussent en trois ans (l'intérêt du Cassia est qu'il ne perd pas ses feuilles qui « piègent » alors le carbone) ;
    • à la saison pluvieuse on élague les arbres et cela donne de l'air et de la lumière au sol. La culture est donc possible sur le sol. On cultive entre les arbres. Le sol profite de la dégradation des matériaux végétales et se reconstitue. La communauté se partage le bois. Salifou en profite pour former ce petit monde à la sylviculture et pour expliquer comment tailler les arbres afin de pouvoir les exploiter durablement.




     Le jardin communautaire devient totalement exploitable en trois ans. Par contre l'opération demande un certain investissement financier car il faut impérativement entourer le site avec une clôture pour empêcher le bétail des dévorer les jeunes plans. C'est le vrai coût du projet car cette clôture coûte cher, bien plus que les villageois ne peuvent payer (environ 1300€). Ce sont donc souvent des ONG qui fournissent les fonds.

    Lorsque les arbres atteignent 1,20 m, on peut retirer la clôture et elle peut être utilisée à nouveau.

    Notre action

    En 2014 nous avions financé la formation d'un pépiniériste à Nagou. Il s'est installé à la limite du village de Boré près du forage. L'année suivante il a pu vendre des plants et des arbres aux villageois et à nous-même. En 2014 nous avons financé la plantation d'un arbre par enfant du primaire à planter dans le périmètre de l'école. Le projet était autant éducatif qu'à des fins de reboisement. Il était sous la responsabilisé du directeur d'école. Malheureusement, comme nous vous l’avons déjà dit, l'ancien directeur d'école étant incompétent et irresponsable et l'opération, faute de soins et d'arrosage régulier, fut un semi-échec. Mais nous recommencerons.

    La parcelle choisie n'est pas dépourvue de cailloux. Salifou démontre aux paysans que tout terrain est exploitable

    Par contre notre plantation communautaire est bien partie. Le terrain a été trouvé et la clôture a été posée à l'automne dernier, après la saison des pluies. Chaque famille des deux communautés villageoises a planté au moins 20 arbres. 

    Tendez l'oreille... vous entendez ? Vous n'entendez rien ?  Écoutez encore... ce sont les arbres qui poussent, tranquillement et sans se faire remarquer... Et c'est l'avenir des villageois qui est dans leurs racines, dans leur tronc, dans leur feuilles... Cela se fait doucement et tranquillement, il suffit d'amorcer la pompe et d'être patient !

    Replanter c'est bien mais ce n'est pas assez. Il faut aussi revenir à de bonnes pratiques agricoles. La terre est épuisée. Que faire alors? Je vous raconte cela dans le prochain post car je crois que vous avez assez  creusé, planté et élagué pour aujourd'hui !

    à suivre...



    *Pour plus d'infos sur le projet de l'Association des pépiniéristes et des planteurs de Tône-Ouest et le prix Équateur qu'elle a reçu en 2014 cliquer ici et là.

     

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