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mardi 11 février 2014

L'eau, le forage, les puits...



Vers le forage, un chemin pierreux et accidenté



Tout de suite après avoir parlé de la cantine, arrivent les problèmes d'eau. Les femmes nous disent immédiatement qu'elles font la queue plusieurs heures pour remplir leur bidon ou leur bassine. La résolution d'un problème en a engendré un autre. Pour comprendre la situation il faut savoir qu'un forage auquel elles s'approvisionnent a été réalisé en 2011. L'eau a été trouvée à 85 mètres de profondeur et il est tellement productif que c'est un petit miracle. Il n'a pas fallu très longtemps aux mères, tout analphabètes qu'elles soient pour la plupart, pour réaliser que leurs enfants étaient moins malades lorsqu'ils consommaient cette eau-là. Les gastros ont fortement diminué depuis que le forage existe. Filtrée par les roches, c'est de l'eau parfaitement potable qui arrive à la pompe... enfin pour presque tout le monde. Lors de la mise en service, Patrick, plein enthousiasme et de foi dans cette eau pure qui jaillissait des profondeurs de la terre, en a bu un verre... et a été malade pendant quatre jours. !



Arrivée au forage, avec tous les bidons l'un derrière l'autre, selon l'ordre d'arrivée


Il faut assez longtemps pour remplir un bassine mais ce système de pompage garantit que l'eau ne sera pas polluée par les seaux plongeant dans le point d'eau









































Cette bassine doit peser entre 20kg et 25kg et pour être certaine que le trajet soit rentabilisé au maximum, l'une des femmes a ajouté encore le contenu d'une calebasse une fois que la bassine était sur sa tête ! Ce port de tête royal que nous admirons tant chez les africaines est au prix de gros efforts. Il faut beaucoup de force pour porter un poids de 25 kilos sur la tête, ainsi qu'une grande adresse


Mais ce petit miracle a un prix : les embouteillages à la pompe. Un seul forage alimente toute la région de Nagou et les villages environnants, soit 5000 personnes environ. Toutefois, ne vient pas qui veut quand même. Chaque personne ou famille paie une redevance au comité de l'eau pour avoir le droit de l'utiliser. Les villageois ont l’œil, pas de resquilleurs. Nous, nous sommes terrorisés à l'idée que le forage puisse se tarir. Ce serait une catastrophe. Pour combien de temps sera-t-il aussi productif ? Pour l’instant il ne donne pas de signe de faiblesse. Le lendemain nous rencontrerons un employé du service hydraulique. Il nous confirmera que nous avons eu beaucoup de chance avec ce forage et qu'il ne faut pas compter sur un autre miracle. Vu de France nous n'avions pas réalisé l'ampleur du problème. Un seul point d'eau pour 5000 personnes ! Les femmes font donc la queue pendant plusieurs heures.


Habitat traditionnel


Nous décidons de jeter un œil aux autres points d'eau : les forages en panne (en panne parce qu'il n'y a plus d'eau ou parce qu'il manque une pièce ?), les puits à sec... Il y a aussi les énormes citernes qui gardent l'eau qui tombe en abondance à la saison de pluies. Mais cette eau là est impropre à la consommation car elle stagne trop longtemps. Même pour se laver les mains, ce n’est pas conseillé. 


Un puits au centre du village




Nous faisons le tour des puits, presque tous taris. On envisage de les creuser un peu plus profond mais Nagou est sur un plateau rocheux, et souvent si le puits n'est pas creusé plus profond, c'est parce que on a atteint la roche. Creuser un mètre de plus se fait alors à la dynamite et peut donc coûter très cher pour un résultat aléatoire.
Beuuuh! Vous iriez cuisiner avec cette eau-là !?
C'est un choix délicat à faire. Mais aussi, si nous gagnons un mois sur le moment où le puits de vient à sec, c'est toujours un mois de gagné, un mois pendant lequel le forage pourra être désengorgé. Actuellement, l'eau potable de celui-ci sert à tout, même à la construction. En effet le forage est fermé à la population deux heures par jour et est réservé à la construction de l'école. Celle réalisée sous l'égide de l'OCDI/Caritas dont nous parlions précédemment (cf billet Le Rotary Club de Dapaong).















Nous finissons la visite des puits et des forages en passant chez Anani. Anani est vétérinaire et a bénéficié d'une bourse pour ses études.  Mais sa vie n'a pas dû être simple. Il a été berger à un moment pour payer ses études. Il nous montre l'endroit où il faisait pousser des légumes pour vendre au marché. Moi, la citadine qui se rappelle le potager bien rangé de son enfance, ne vois que des cailloux à l'endroit qu'il nous indique.

Anani est un notable maintenant, qui habite Dapaong, mais il n'oublie pas son village. Il veut que notre projet réussisse et que son village ait toutes les chances avec lui pour sortir de la pauvreté. Il fera tout pour cela. On s'aperçoit aussi que c'est un homme très généreux. Généreux de son argent mais aussi de son temps et de son énergie. Anani est  un vrai rouleau compresseur, un bulldozer ! À peine émise une idée, hop ! Il a déjà dégainé son portable et obtenu le rdv avec la personne en charge du sujet, ou qui en connait une autre qui pourra nous obtenir un rdv... Et le fait qu'il soit originaire de Nagou nous est d'une aide inestimable.


Anani devant la maison familiale. Il est l'unique survivant d'une famille de onze enfants.


Mais il est l'heure de rentrer. Nous devons encore en passant aller visiter les grottes de Nok qui jouxtent le village. Juste lorsque nous allons partir, un groupe de femme se met à taper dans les mains et à chanter. C'est gai, endiablé et totalement spontané. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, Aline est entrainée dans une danse échevelée avec une des femmes. Je me fait happer également. Leur gaité est communicative, nous sommes pliées de rire. Le genre de danse désordonnée  qu'on pourrait tout à fait faire dans une soirée parisienne.


Éclats de rire collectif. Les blancs savent aussi danser !




 Il faut repartir. Il nous reste les grottes à aller visiter et il y a encore 2h30 de route. Nous partons donc après une visite au doyen du village. L'homme est aveugle, unijambiste car il a été amputé à cause de son diabète. Lorsqu'on lui demandera son âge, il répondra « Oh ! Y en a, y en a ! » On suppose qu'il a à peu près 80 ans ce qui est un âge très avancé pour là-bas.
Le temps a passé vite et je n'ai pas eu le temps de vous montrer la future l'école. Il y a beaucoup à dire alors nous voyons cela la prochaine fois.




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